Marion Plumet
Nos mortes #02
Performance participative en femmage aux victimes de féminicides, Morlaix, 2023
Nos mortes #2, c'est un collage composé de 147 formats pensé en femmage à toutes les filles et femmes assassinées en raison de leur genre. Pour que leurs paroles résonnent dans l’espace public, pour que leurs morts ne soient pas invisibilisées. Cette action a été organisée en partenariat avec La Lanterne, association d'accueil et d'accompagnement pour les femmes victimes de violences à Morlaix et soutenue par la Morlaix Communauté.
Voici le texte écrit pour l'occasion :
En France, l’année dernière, au moins 147 femmes sont mortes sous les coups d’un homme cis, d’un conjoint, d’un ex, d’un fils, d’un cousin, d’une connaissance. En France, l’année dernière, au moins 147 hommes cis ont assassiné celles qu’ils disaient aimer. En France, l’année dernière, une femme est morte tous les 2 jours et demi en moyenne sous les coups d’un homme cis, parce qu’elle était une femme.
Le 8 mars, c’est la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Pour un très grand nombre de ces 147 femmes, le droit n’a pas été appliqué. Nombreuses d’entre elles avaient pris la parole pour signaler les violences subies auprès des institutions policières et judiciaires. Elles n’ont été ni écoutées, ni protégées.
5 ans après #meetoo, pouvons-nous encore nous permettre d’attendre quelque chose de cette justice qui n’est décidément pas la nôtre? Face à l’ampleur des violences masculines et à l’inefficacité des pouvoirs publics, force est de constater que c’est sûrement en dehors de l’institution policière, judiciaire et carcérale qu’il nous faut trouver des réponses. Et les questions sont nombreuses... Que faire pour les victimes? Comment faire pour qu’elles soient reconnues en tant que telles, pour que les préjudices vécus soient établis et pour obtenir réparation ? Comment les protéger? ...
Ces réflexions balbutiantes nécessitent de continuer à s’organiser entre personnes concernées afin de nous réappropprier nos luttes, pour une justice féministe contre les violences masculines !
Il est très difficile de penser à une façon appropriée d’exprimer le deuil, mais nous savons que les larmes ne suffisent pas. Nous savons comment pleurer. La vraie question est : comment allons nous nous défendre ? (...)
Bien des gens nous ont invité à convenir que les femmes font des progrès, à cause de notre présence visible dans ces lieux où nous n’étions pas avant. Et celles d’entre nous que l’on dénonce comme radicales avons répondu : « Ce n’est pas comme cela que nous mesurons le progrès. Nous comptons les viols. Nous comptons les femmes agressées par leurs maris. Nous comptons les femmes qu’on suicide. Nous tenons le compte des mortes. Et quand ces statistiques commenceront à changer de façon significative, alors nous vous dirons si l’on peut ou non mesurer des progrès »
Andréa Dworkin « Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas »
Ici, un article et une vidéo du Ouest France